Cyril CARRARA : "Lettre à un ami perdu..."

Jeudi 31 Mai 2018



"Cher Cyril,

je n'ai pas mis d'adresse pour t'envoyer cette lettre, tu es parti si vite que j'ai été pris au dépourvu comme tout le monde ici-bas. Et puis dans le ciel il n'y a pas de numéros, de rues ou de codes postaux...Le facteur du bon Dieu te trouvera j'en suis sûr et tu pourras me lire comme tu aimais le faire quand tu commentais mes papiers et me donnais des conseils avec toute ta connaissance du jeu et des joueurs. Je m'en souviens avec émotion et je t'en remercie encore.

Alors autant te dire qu'on est sous le choc et très en colère après le destin qui nous a vraiment fait un coup de travers... Il faudra du temps pour que notre courroux passe, et nous sommes vraiment dans la peine à l'idée de ne plus te voir qui nous paraît inconcevable. Non mais franchement ça paraît impossible, un garçon comme toi, en pleine force de l'âge, complètement à maturité et qui aspirait aux meilleurs moments et à encore d'immenses joies sportives et personnelles, partir ainsi c'est vraiment inouï. 

Hier soir en apprenant la nouvelle, je suis resté hébété, je tournais en rond, je n'arrivais pas à y croire... Tout de suite ma première pensée a été pour ton "Padre" (comme on disait...) Adrien et aussi pour ta maman Maryse...Quel drame, quelle épreuve sans nom, j'aurai voulu les aider, être près d'eux, les prendre dans mes bras et même sûrement pleurer ensemble tout en essayant de les réconforter, en fait je ne sais pas vraiment ce que l'on peut faire, mais j'ai pensé très fort à eux...Ils t'aimaient tant et ils t'aiment tant...A tes amis aussi, en commençant par Alain Gomez bien sûr, mais aussi Michel Toutain, Eric Milesi, Alain Bonnet et tous les autres, qui prenaient tant de plaisir à te voir tirer et faire les pas dans ton style caractéristique à l'efficacité reconnue, mais aussi à être avec toi dans l'avant et l'après boule en toute amitié.

Voila tu as planté encore un carreau, inattendu et pas vraiment bienvenu celui là, comme tu  l' avais fait récemment en finale à La Tour d'Aigues à la première mène à 19 pas lors de votre victoire contre les jeunes alpins. Quel fusil tu étais, tant à la Longue qu'à la Pétanque tes exploits et tes séries avaient depuis longtemps dépassé les limites de ton Luberon natal et tu t'étais même exporté quelques temps en Lozère au vert du côté de Florac...Quand tu avais bien tiré en parlant d'une partie tu me disais "Un ball-trap..." et ça me faisait rire...

Et puis tu portais fièrement le nom d'une famille de grands joueurs du Vaucluse, les CARRARA ! Oui une grande famille de Champions originaires d'Italie et encore amoureux de la péninsule comme toi de la Squadra. Ton oncle Antoine Champion de France en doublette avec Jean Grégoire en 1984 à Laon, Ton père Adrien vice champion de France en triplette en 1995 à Nîmes avec Claude Carbo et Eric Zalbach et vainqueur de nombreuses classiques...Bon sang ne saurait mentir dit-on.

Tu aimais le jeu...Le jeu sous toutes ses formes, les boules bien sur où tu avais rapidement cotoyé les plus grands comme Lovino qui avait pris un bar à Apt et sur lequel tu me racontais qu'il tirait des boules l'hiver avec des gants de soie, mais aussi les grands Pertuisiens avec Papa, comme Carbo, Flores, Blasco et bien sûr Valdes dont tu me disais toujours que c'était ton idole...Mais tu adorais aussi les courses de chevaux et notamment Cagnes où tu avais tes habitudes et tes tuyaux, souvent tu me parlais des écuries vedettes et des chevaux en forme, c'était une vraie passion chez toi et tu t'y connaissais. Les cartes également avec un grand talent lié à tes  capacités et facilités intellectuelles qui t'avaient conduit plusieurs fois aux championnat de France tant au Tarot, qu'à la Belote ou au Rami...Enfin tu aimais le foot ou plutôt le Calcio, avec un passion intacte pour la Nazionale, et pour les grands de la Série A comme la Juve ou le Milan, combien de fois a-t'on échangé et tchaté sur cet amour commun ?...

Alors Cyril quand tu liras ces lignes sache qu'on ne t'oubliera pas, que tu as laissé ton empreinte et ton coeur sur les plus beaux jeux de boules dans des grandes parties et que nous marcherons sur tes pas avec émotion...Ton sourire, ton look d'hiver avec tes bonnets improbables et tes polaires de chasse, tes bons mots comme "Mort le poulet" ou "Encaissaou" , tes mimiques, ton humour et ton état d'esprit vont nous manquer...

"La vie dure toute la vie, la mort ne dure qu'un instant" lance Mastroianni dans un film de Fellini...C'est un peu ça même si on a du mal à l'admettre..."Qué Malheur" comme tu aurais dit...

Ciao mon ami, repose en paix, là haut les légendes des boules ne t'attendaient pas, mais sauront t'accueillir dans leur paradis du Jeu Provençal et de la Pétanque. Tu vas te régaler de leur faire le tireur ! Je t'embrasse Cyril !"


Grandes pensées émues à tes parents Adrien et Maryse, à tes oncles, à ta famille et à tes amis proches.



Les Obsèques de Cyril auront lieu ce lundi 4 juin avec un recueillement au Funérarium d'Apt à 14 heures suivi d'une messe à 15 heures à la Cathédrale Sainte Anne.





 

Vincent MEGER